“Si c’etait facile, ca serait nettement moins marrant”

Et non, ça n’est pas tous les jours la vie en rose, même si les photos ne reflètent souvent que ces bons moments là 😉

Pour commencer, un peu d’histoire. Il faut savoir qu’entre la Colombie et le Panama, et bien il n’y a tout simplement pas de réseau routier. En effet, la mythique panaméricaine est coupée sur une distance de près de cent kilomètres. Cette région sauvage de dense jungle, et actuellement peuplée uniquement de tribus indigènes et de FARCs à la retraite, s’appelle la région de Darién. Pourquoi pas de route ? Plusieurs raisons tant écologiques, économiques et politiques. C’est principalement dû au fait que cette région est faite d’une jungle et de marécages très denses, ainsi que pour éviter le traffic de drogues depuis la Colombie vers l’Amérique Centrale.

Bref, pour les voyageurs, plusieurs options ayant chacune ses avantages et inconvénients s’offre à nous.

Option 1 : L’avion. Pas si cheap que ça (entre 400 et 500 USD par personne) et pas moins cher pour la moto (environ 1000 USD). L’avantage étant que c’est naturellement rapide et généralement sans problèmes pour récupérer la moto.

Option 2 : La plus reconnue dans le monde de la moto. Il s’agit de combo croisière/traversée trans-frontalier. On embarque donc la moto sur un voilier/catamaran à Cartagena (Colombie), on y embarque également une vingtaine de touristes qui veulent passer au Canada autrement que par les airs, et on part pour 2 jours de traversées et 3 jours dans les îles paradisiaques de San Blas (Panama). On s’en sort pour un peu plus de 1000 USD tout compris, avec la moto.

Option 3 : Plus aventureuse mais la plus cheap, il s’agit de prendre une combinaison de bateaux de port en port depuis Turbo (Colombie). Pas mal l’on réalisé avec une moto également. C’est par contre la sortie du pays la plus illégale qu’il est possible de faire. Plus question de remettre les pieds de la moto dans le pays par après. Autre problème, il y a également beaucoup de traffic de drogues par là, et en cas de coup dur, on retrouve souvent mystérieusement un kilo de coke dans sa valise, ce que les forces de l’ordre ne prennent généralement pas trop bien. Le budget est inférieur à 500 USD avec la moto.

Option 4 : Par container et bateau. Le problème est que cela dure souvent quelques jours, qu’il n’y a pas beaucoup de cargos qui s’en vont par semaine, et qu’il s’agit de trouver d’autres personnes pour remplir son container car c’est tout de même 4000 USD la grosse boite. Aussi, le déchargement dans le pays d’arrivée n’est jamais gratuit, encore moins prévisible, et souvent très peu plaisant.

Après avoir comparé les plus et les moins, je décide donc de craquer le catamaran et m’en vais à Cartagena. Je rencontre alors les 3 autres motards (Chili, Espagne et USA) qui prendront également place sur Jacqueline (le catamaran) et nous entamons les démarches administratives avec le capitaine. C’est alors que commence un belle séries de surprises.

Pour rentrer un véhicule étranger dans un pays, on reçoit à l’entrée un certificat d’importation temporaire qu’il s’agit d’annuler lors de la sortie du véhicule. Bref, même système que le passeport. Nous avons donc tous cette entrée, et il s’agit de l’annuler pour pouvoir être clean vis-à-vis du système et pouvoir entrer à nouveau le véhicule dans le pays par après. Première surprise donc, la douane ne veut pas annuler l’entrée du véhicule car nous quittons le pays par un port et bateau privés, et non par un port adapté à ce genre de transferts. Le capitaine nous assure alors que “on a toujours fait comme ça, on n’annule jamais le papier et il n’y a pas de problème. Ici en Colombie, les systèmes douaniers ne sont pas interconnectés”. Nous n’y croyons pas un mot mais n’ayant pas à revenir dans le pays avec la moto, nous nous faisons à l’idée.

Le lendemain, nous chargeons alors les 4 motos et le départ est imminent. Nous sommes 20 au total et l’équipe s’annonce sympathique. Après 10 min, à la sortie du port, la douane maritime nous contrôle et apparemment, le capitaine du port à foiré un papier et n’a pas indiqué que ce voilier transportait des touristes. Bref, nous ne pouvons quitter le port sans ce papiers et rebroussons chemin. Le départ est reporté au lendemain et nous faisons la fête sur le cata. La tension monte déjà légèrement car nombreux sont ceux ayant un temps de vacances limité. C’est là que je me rends compte à quel point c’est agréable de voyager sans deadline.

Lendemain 8h du matin, nous avons tous rendez-vous au bureau de migration pour quelques questions. La douane s’est en fait rendue compte, alors que ça fait plus de dix ans que ça tourne, que tout ce traffic est complètement illégal et que ce voilier n’est en aucun cas habilité à transporter des touristes et encore moins des motos. Bref, ils recueillent alors quelques témoignages du comment nous avons atterrit dans ce business (pour info, tout vient de cette page, mais il en existent des dizaines d’autres. TOUS sont illégaux). Nous repartons et finalement il en convient après s’être battus toute la journée que le bateau ne partira pas avec les motos malgré une bonne quantité de pot-de-vin offerts. Nous l’avons un peu mauvaise d’avoir fait tant de chemin et d’effort pour que ce plan tombe à l’eau, et devons ouvertement nous opposer à descendre les motos tant que l’on n’aurait pas reçu notre deposit en cash. Après quelques heures, le capitaine cède, voyant qu’il va perdre bien plus d’argent si les motos ne descendent pas à temps. Nous passons deux heures à tout débarquer et nous en allons vers un hostal, en quête de nouvelles solutions. Quand aux autres voyageurs du bateau, ils ont encore une inspection à faire le lendemain 7h avec la douane et peuvent “sans aucun soucis y aller” dixit le capitaine. Faut savoir que pas loin de la moitié des gens on un avion depuis Panama pour rentrer au boulôt en Amérique ou Europe juste à temps. Une des filles a même son visa de 3 mois en Colombie expiré la veille. La tension monte.

Entre temps, nous décidons de revenir sur Bogota en vue de prendre l’avion, le seul plan réellement safe. Dernier problème : lors de l’embarquement, le capitaine a été faire le tampon de sortie du pays pour tous les passeports. Nous ne sommes officiellement dans aucun pays. Nous devons donc aller annuler cette sortie réalisée deux jours auparavant. Seulement ce cher douanier a prêté son tampon d’annulation de cachet à son pote (oh divine Colombie), alors il nous fait tout simplement une seconde entrée. Nous avons 2 jours inexistants dans le passeport. On va se marrer à la frontière.

Le lendemain, nous entamons donc 1000 km de route pour un peu plus de 2 jours. Nous apprenons également que les autres passagers n’ont finalement pas pu partir et n’ont même pas encore revu leur argent. Belle misère en vue. On a d’ailleurs fait une petite photo souvenir pour le propriétaire du bateau, un certain autrichien Fritz, qui ne s’est jamais bougé de chez lui pour venir ne fut-ce que tremper un pouce dans le pâté présent.

Enfin, nous arrivons à Bogota et faisons appel à Lyn Cargo, une société réputée pour le transport de moto depuis la Colombie. Nous passons une journée à les nettoyer (obligatoire pour l’avion. Je n’ai jamais vu la mienne autant briller) et une journée à attendre pour signer peu à peu des papiers. J’en profite pour aller grimper en salle avec un pote que j’avais rencontré à Suesca. Ensuite, cerise sur le gâteau et j’enchaine les problème avec ma carte visa, ce qui m’amène à acheter mon ticket avec la carte de Sebastian (le Chilien) exactement 3 heures avant que l’avion ne décolle. Ah.

Nous sommes maintenant au Panama, et il fait chaud 🙂

5 thoughts on ““Si c’etait facile, ca serait nettement moins marrant”

  1. je sens bizarement un peu d aigritude dans ta plume 😉
    par contre big up pour le pantalon/short/tirette… SUPERBE

  2. C’est toujours un plaisir de te lire Alex. A chaque ligne, je me demande toujours la surprise que tu nous réserve! Bonne continuation, et prends bien soin de toi!

  3. Peut-être que si tu te rasais la barbe et les cheveux tu passerais les frontières plus facilement héhé 😉 Et sinon, il me semble que l’on forge sa plume ! Bon vent amigo !

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