Shit happens.

Episodes légèrement plus sombres quand au Pérou, pas de support multimédia cette fois, vous allez comprendre pourquoi.

Je quitte donc la Bolivie début mars. Je vous avais déjà parlé de ce douanier extrêmement bourré qui m’avait fait rentrer dans le pays. Eh bien lors de la sortie, on révise mes papiers à la frontière et l’on tombe sur le numéro de châssis de la moto : PAS UN SEUL numéro de bon sur la quinzaine. J’explique la situation au douanier qui heureusement est compréhensif et ça passe. J’en reste tout de même semi-amusé / semi-perplexe.

Ensuite je passe deux jours dans un monastère à Puno (merci tante Anne pour le contact) ou je prends bon repos et découvre un autre rythme de vie également très intéressant.

Je me dirige après vers Cusco où je fais des petits tests sociaux : je me pose sur la place principale avec la moto et j’attends. En une ou deux heures, je rencontre Bianca, une espagnole tombée amoureuse de Cusco, son ami Juanjo également de Mallorca, un couple de grimpeurs, un autre grimpeur avec qui je conviens d’aller escalader le lendemain, un serveur qui s’ennuie un peu, une vendeuse locale qui m’aide pendant trente minutes à trouver une adresse, … et j’en passe. Et pour tout ça, je n’ai pas fais le moindre effort : je m’assois et j’attends. J’aime 🙂

Je reste alors finalement trois jours sur place en compagnie de Bianca et Juanjo. Bianca écrit et publie dans une revue locale et propose à son éditeur d’y intégrer mon histoire, ce qu’il accepte avec grand plaisir.

Vint le moment de bouger. Je quitte Cusco, rejoins la côte et son désert et ensuite l’équipe de Pam Tablada à Lima, l’association dont vous avez déjà eu un aperçu avec le post précédent. Excellente semaine, alternative et enrichissante. Nous sommes huit belges sur place ainsi que notre famille d’accueil. Sorties, animations, repos, … C’est sympa ! On prend même le temps d’aller grimper le week-end [Canchacalla]. Lors du retour, j’ai droit à ma première crevaison après 14 000 km, ensuite la seconde 20 km plus loin, pour terminer avec le pneu déchiré. A deux heures du matin, nous sommes dans notre lit ! Neuf heures de route pour soixante kilomètres. Peu rentable.

Après une semaine, je reprends la route et commencent les misères. Il est quatre heures trente, la nuit approche, je cherche un spot safe pour la tente. Premier village, je ne trouve rien, je décide alors de couper par chemins de terre une portion de quatre kilomètres pour rejoindre au plus vite la sécurisante panaméricaine, mais cette fois-ci, je ne prends pas la peine de me renseigner sur la zone. Erreur. Deux kilomètres après avoir quitté le village, au milieu des plantations de cannes à sucre qui dépassent les deux mètres, sept personnes cagoulées et armées sortent de nulle part, tirant en l’air et me prenant ensuite en joue. Je tente la fuite mais glisse et me plante stupidement. Ils m’attrapent et m’emmènent dans les hautes herbes à l’abri des regards. Les premières dix minutes je ne suis naturellement pas à l’aise pour un sou, mais heureusement je me rends vite compte qu’ils n’en veulent qu’à mon argent. Après pas loin d’une heure, ils me laissent repartir, mon chargement ayant perdu plus de 5000 euros de valeur. Déclaration de vol, nuit au commissariat, contact avec les parents et l’assurance, … Un beau bordel. J’ai réussi à garder mes cartes gsm, cartes mémoire et un disque dur de sauvegarde. Papiers et porte-feuille également. Je m’en sors donc finalement pas trop trop mal, surtout que l’assurance pourrait normalement couvrir un peu plus de la moitié des frais. Je pensais retourner à Lima pour me remettre un peu chez Rosa (notre famille d’accueil de l’assoc’), mais après réflexion, je ne veux pas retourner en arrière. Je rejoins alors la ville, loge en auberge et passe deux jours à réparer la moto qu’ils ont tout de même bien maltraité également. Ensuite c’est le coup de grâce. Exténué des événements, je vais manger en ville, pose mon sac au sol et m’apprête à engloutir violemment mon poulet-frite, lorsque après trente secondes d’inattention, je me rends compte que mon sac a disparu. Echec critique, je pète légèrement un câble et repasse quatre heures de déposition au poste. On m’a donc piqué tout ce qu’il me restait de valeur, soit mon disque dur de sauvegarde, mes balises satellite, et mes papiers (toujours pas mon porte-feuille bizarrement). Le retour sur Lima est maintenant inévitable. Je suis à nouveau chez Rosa. L’accueil chaleureux de toute l’équipe fait plaisir à voir et j’entame une dizaine de jours de paperasseries et de rachat matériel (à ce propos d’ailleurs, je vous rappelle que la catégorie « dons » du site est toujours ouverte si jamais vous ne savez quoi faire des cinq euros qui trainent dans votre poche :D).

Je tire énormément de cette « expérience » (du moins la première, le second vol est juste stupide) et revisite ma façon de voyager pour la suite. Beaucoup de réflexions et discussions. Certains me conseillent de by-passer la zone centrale des Amériques, je n’en ai pour l’instant aucune envie, restant convaincu que cette agression est le résultat d’une erreur et n’aurait jamais du arriver si j’avais fais ça bien. Ce sont des choses qui existent et malgré tout on le savait avant de commencer. L’idée est donc pour l’instant de sauter la partie nord du Pérou en empruntant uniquement la sécurisante panaméricaine, mais les discussions parentales sont en cours. Je m’en remet vite – peut-être trop – mais ce n’est pas le cas de tous et ce n’est pas toujours facile à gérer.

BREF, je suis donc de retour à la maison et me ré-équipe tout doucement tout en entamant les démarches administratives. J’ai finalement tout de même trouvé quelques photos diverses (de Natascha principalement) pour illustrer la petite famille et l’ambiance !

PS : En ce moment, l’une des jeunes de l’association est à l’hôpital et nécessite une intervention urgente ; seulement voilà, ici, sans argent, pas de soins. Chacun achète le matériel nécessaire à l’opération à la pharmacie de l’immeuble. Cette dernière n’était pas en mesure de se payer ces 500 soles (120 euros) et nous avons alors tous – et principalement la caisse du projet “Pour une histoire” – participé aux frais. Bizarre de sauver une vie avec dix euros ^^

5 thoughts on “Shit happens.

  1. Alex, je te lis et relis…nous discutons et tu nous écoutes…mais la vie n’est pas une partie de roulette russe… si tu retournais à Puno dans ce monastère? ;-)kissss

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